Franchement, si vous aimez chiner des livres anciens autant que moi – que ce soit dans une petite librairie poussiéreuse à Kyoto ou sur un marché du dimanche à Paris – vous avez sûrement déjà eu ce petit doute : “Et si ce truc était une fausse édition  ;?”. Ça m’est arrivé plus d’une fois. Et parfois, c’est subtil… vraiment subtil. Alors autant dire que savoir repérer une contrefaçon, aujourd’hui, c’est presque aussi important que de savoir reconnaître une belle reliure ou un papier bien vieilli.
Je me souviens d’une fois, en 2019, où un vendeur m’avait proposé un soi-disant «  ;tirage rare  ;» d’un récit de voyage japonais du XIXe siècle. Le prix me semblait trop beau pour être vrai… et j’ai eu raison d’hésiter. C’est un peu comme quand je tombe sur un site improbable du genre https://pariereuro2008.com et que je me demande si ça cache pas quelque chose derrière. Bref : dans le doute, mieux vaut vérifier. Et dans le monde du livre, il y a quelques réflexes à avoir.
Vérifiez les informations d’édition (ça paraît évident, mais…)
Je vais être direct : les pages de titre racontent beaucoup, beaucoup de choses. Une vraie édition ancienne possède généralement des mentions précises : année, lieu d’édition, nom de l’imprimeur, parfois même des détails sur la collection. Si vous voyez une date qui n’a aucun rapport avec l’auteur, ou un imprimeur qui n’existait même pas à l’époque… fuyez.
Perso, j’ai déjà vu une réimpression moderne déguisée en édition “Meiji” parce que quelqu’un avait simplement ajouté une police un peu rétro. C’est fou comme certains détails sautent aux yeux quand on s’y habitue.
Observez le papier… vraiment regardez-le
Vous avez déjà senti la texture d’un papier japonais du XIXe siècle  ;? C’est sec, léger, parfois un peu fibreux. Rien à voir avec le papier acide des années 1950 ou le papier blanc trop propre des réimpressions contemporaines.
Regardez la transparence à contre-jour, observez les éventuels filigranes, touchez l’épaisseur. Un faux se trahit souvent là-dessus. Le papier en dit plus long que le texte parfois.
Analysez la typographie et l’encre
Quand je tombe sur un livre ancien avec une encre uniformément noire et brillante, ça m’inquiète. L’encre d’époque a souvent des variations, parfois un léger relief ou une très petite irrégularité. Les caractères imprimés à la main, surtout en Asie, avaient des imperfections charmantes que les contrefaçons tentent d’imiter… sans jamais y arriver complètement.
Vous pouvez même comparer avec des exemplaires numérisés dans des bibliothèques nationales. Ça prend deux minutes et ça sauve parfois plusieurs centaines d’euros.
Demandez toujours l’historique du livre
Un vendeur sérieux n’a aucune raison de cacher l’origine d’un ouvrage. «  ;Trouvé dans un grenier  ;» ou «  ;provenance inconnue  ;»… mouais. Ça peut arriver, évidemment, mais si c’est systématique, je me méfie.
Quand un livre passe de collection en collection, il laisse souvent des traces : ex-libris, tampons, annotations (parfois adorables, parfois moches, mais authentiques). Une contrefaçon, elle, est souvent un peu trop “parfaite”.
Comparez les prix : un livre rare trop abordable… c’est suspect
On connaît tous ce frisson quand on croit avoir déniché une pépite sous-évaluée. Mais soyons honnêtes : une édition authentique ne sera jamais dix fois moins chère que les autres exemplaires du marché.
Là encore, la règle est simple : si le prix paraît irréel, il y a peut-être une raison très réelle derrière.
Consultez un expert quand le doute persiste
Je sais, on a toujours l’impression de pouvoir se débrouiller seul. Mais parfois, un regard extérieur change tout. Un libraire spécialisé, un bibliographe, un collectionneur chevronné… ils repèrent en deux minutes des trucs qu’on ne voit pas en vingt ans.
Je le fais encore aujourd’hui, surtout pour les éditions asiatiques extrêmement anciennes, où le moindre détail peut faire basculer l’authenticité.
En résumé
Éviter les fausses éditions, c’est un mélange de flair, de logique et d’habitude. Regardez la page de titre, le papier, la typographie. Posez des questions. Comparez. Et surtout, faites confiance à votre instinct : s’il vous dit que quelque chose cloche, vous avez probablement raison.
Et puis, au fond, apprendre à déjouer les contrefaçons fait partie du plaisir de collectionner. C’est presque un jeu – un jeu sérieux, certes – mais un jeu quand même.
Bonne chasse aux vrais trésors.
